Les auditions sur le Sahara occidental ont commencé devant la 4e Commission de l'Assemblée générale de l'ONU
Le site du Croissant rouge sahraoui à Rabouni près de Tindouf en Algérie. (Sahara Infos)
Communiqué de l'Organisation des Nations unies (ONU) du 4 octobre 2023
Une cinquantaine de pétitionnaires ont, cet après-midi, confronté leurs visions contrastées de l’avenir du Sahara occidental, l’un des dix-sept territoires non autonomes inscrits à l’ordre du jour de la Quatrième Commission chargée des questions politiques spéciales et de la décolonisation.
Les partisans du droit à l’autodétermination du peuple sahraoui et ceux du plan d’autonomie avancée prôné par le Maroc pour ses provinces du sud ont tour à tour défendu leurs positions.
Violations des droits humains dans les « territoires occupés »
Rappelant des éléments qu’il a jugés fondamentaux depuis que la question du Sahara occidental a été inscrite à l’ordre du jour de cette commission en 1963, le représentant du Front Polisario à l'ONU a revendiqué le droit inaliénable et non négociable à l’autodétermination et à l’indépendance de son peuple, qui ne saurait être altéré ni par le passage du temps, ni par la politique de fait accompli menée depuis 1975 par « l’État occupant du Maroc » dans ce territoire.De nombreux pétitionnaires en provenance des îles Canaries, dont Leticia Hernández González, Victoria Travieso Hernandez, Palmira Déniz Verona ou Jose Luis Gonzalez Sanchez, ont exigé à l’unisson le respect du droit à l’autodétermination du peuple sahraoui, dénonçant au passage « la complicité » du gouvernement espagnol - « Puissance administrante de jure du Sahara occidental » - avec le Maroc et « ses forces d’occupation », qui empêchent l’organisation d’un référendum depuis 1992. Ils ont sommé la Quatrième Commission de veiller au respect du droit international et de ses résolutions pertinentes sur cette question.
À l’instar de celle de Maria del Mar Molina Garcia-Alcañiz, de Plataforma 8M Toledo, plusieurs voix se sont élevées pour exiger que la communauté internationale mette fin aux violations des droits humains du peuple sahraoui, et notamment de ses femmes, une tâche pour laquelle la Mission des Nations Unies pour l'organisation d'un référendum au Sahara occidental (Minurso) devrait être mandatée, comme certains l’ont suggéré, dont le juriste Juan Carlos Gomez Justo, de l’Université Pablo Olavide de Séville.
Le Front Polisario épinglé par plusieurs intervenants
Pourtant, a rétorqué Ana Roios, ces ressources sont susceptibles d’apporter la prospérité non seulement à la population locale, mais aussi à l’ensemble de la région, et le Maroc fait preuve d’un engagement fort en faveur de leur gestion responsable. Le Royaume a investi dans le développement régional, notamment de ses infrastructures, à travers la construction et l’amélioration des axes routiers, des aéroports et des ports. Il a également lancé des projets d’énergie renouvelable qui sont particulièrement importants au regard des obligations de l’Accord de Paris et du mécanisme d’ajustement carbone aux frontières (MACF) de l’Union européenne, encouragé le développement agricole et développé la gestion durable des pêches, a souligné l’intervenante.
Au cours de cette séance, le Front Polisario a également été épinglé par plusieurs intervenants. Pour n’en citer que certains, Amanda DiCianni, de Rescue & Relief International, et Elizabeth Jordan Dail, de la Classical Conversations Foundation, ont dénoncé les conditions de vie dans les camps de Tindouf, évoquant la pauvreté, la répression, l’éducation de qualité médiocre, mais aussi le recrutement d’enfants et d’adolescents par cette organisation, en violation flagrante du droit international et des principes humanitaires fondamentaux.Les Sahraouis « pris en otage » par le Polisario
De son côté, Nancy Huff, de Teach the Children International, a sollicité l’aide de la Quatrième Commission pour enquêter sur le détournement de l’aide humanitaire par le Front Polisario, qu’un rapport de l’Office européen de lutte antifraude en date de 2015 avait déjà révélé, ainsi qu’un récent rapport du Programme alimentaire mondial (PAM), qui confirme des vols massifs de nourriture dans les camps de Tindouf.
Pour y remédier, Mme Vivian Eads, entre autres, a proposé que soit recensée la population des réfugiés sur place, ce qui n’a pas été possible jusque-là. La solution « la plus humaine, la plus rapide et la plus pacifique » serait, aux yeux de ces pétitionnaires, que l’ONU adopte rapidement le plan marocain d’autonomie.
161 pétitionnaires à auditionner
De leur côté, Ahmed Aly et Leila Dahi ont défendu le projet d’autogouvernance du Maroc et la contribution du Royaume au développement de cette région, « en passe de devenir une plateforme de transit commercial pour toute l’Afrique ».
Partageant ce point de vue, Alphonse Zozime Tamekamta de l’Université de Yaoundé I au Cameroun a jeté un éclairage sur la position africaine relative au Sahara occidental. Il a rappelé que l’agenda géopolitique du pays hôte des camps de Tindouf fût à l’origine de profondes divisions parmi les nations africaines et au sein même de l’Union africaine. En effet, cet État a parrainé la proclamation sur son territoire d’une prétendue « République sahraouie » et l’a faite admettre en toute illégalité à l’Organisation de l’unité africaine (OUA) avec la complicité du Secrétaire général de l’époque.
Cette décision illégale, a-t-il rappelé, a suscité de vives réprobations de la part de plusieurs pays africains et aujourd’hui, la majorité écrasante d’entre eux œuvre activement à rectifier cette « erreur historique », en appuyant le plan marocain d’autonomie. Quarante pour cent des États africains ont ouvert à ce jour des consulats généraux à Laâyoune et à Dakhla, reconnaissant ainsi la souveraineté du Maroc sur le Sahara, a-t-il précisé, en faisant valoir que, sur le plan économique, le Sahara marocain participe à l’émergence de l’Afrique au travers de nombreux projets dans les domaines de la formation, des énergies renouvelables, ou encore de l’agriculture.
En cours de séance, le représentant du Maroc a présenté une motion d’ordre pour que la présidente de la commission contraigne les pétitionnaires à s’arrêter de parler lorsqu’ils s’en prennent aux institutions des États Membres. Cette année, pas moins de 161 pétitionnaires doivent, trois jours durant, s’exprimer lors de ces auditions.Les intertitres sont de Sahara Infos.
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