Ezza Bobih : « Des milliers de réfugiés sont arrivés depuis trois ans »


Comme Ezza Bobih, gouverneure de Smara, deux autres femmes sont à la tête de trois des cinq campements de réfugiés sahraouis près de la ville de Tindouf en Algérie. (Sahara Infos)

La gouverneure de la willaya de Smara, un des cinq campements de réfugiés sahraouis en Algérie, dénonce la dégradation des conditions de vie dans le désert, comme dans la partie du Sahara occidental occupée par le Maroc.

Comment évolue la situation dans les campements depuis la reprise de la guerre en novembre 2020 ?

Tout d’abord, il y a beaucoup de martyrs. Chaque semaine, entre un et trois soldats de l’armée populaire de libération sahraouie sont tués au combat. Ensuite, il y a l’arrivée de nouveaux réfugiés. Rien que pour le camp de Smara, qui est le plus gros des cinq campements avec près de 50 000 habitants, nous avons quelque 400 familles de plus à nourrir.

De quoi avez-vous le plus besoin ?

De tout. Certaines ONG ont réduit leur aide de 50 %, notamment en raison des conflits en Ukraine et à Gaza. Les rations alimentaires de l’ONU sont insuffisantes. Nous restons parfois un mois ou deux sans manger de viande, nos hôpitaux et dispensaires manquent de matériel et de médicaments, notre administration manque de locaux, l’assainissement et l’environnement sont négligés… Mais quand même, nous sommes debout et chacun essaie de produire ou d’agir pour la communauté.

Avez-vous des nouvelles des Sahraouis qui vivent de l’autre côté du mur de défense marocain ?

Bien sûr. Et elles ne sont pas bonnes. Une campagne est en cours pour écarter les familles sahraouies de toute la bande littorale. Leurs maisons et leurs campements sont détruits, voire brûlés. Et bien sûr, les militants qui s’opposent à l’occupation marocaine sont soumis à des pressions, voir torturés.

Le développement de la téléphonie mobile nous aide à garder le contact avec nos familles de l’autre côté mais il a un revers : les militants sont plus facilement suivis

Sahara Infos.

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