Le siège de l'Union des journalistes et écrivains sahraouis se situe à Rabouni près des administrations de la République arabe sahraouie démocratique. (Sahara Infos) |
Le président de l’Union des journalistes et écrivains sahraouis, Ahmed Nafii, s’efforce de donner aux professionnels des médias, de chaque côté du mur, les moyens d’exercer leur métier malgré les contraintes.
Comment les journalistes sahraouis peuvent-ils travailler dans la partie du Sahara occidental occupée par le Maroc ?
Uniquement dans la clandestinité. Utiliser une caméra ou un micro est un délit dans les territoires administrés par l’occupant marocain. Travailler ouvertement, c’est risquer la prison ou la mort.
Parmi nos trois cent cinquante membres, certains résident et travaillent dans ces territoires. Mais leurs contributions doivent rester anonymes. Tant qu’il en sera ainsi, le Sahara occidental sera une zone obscure pour les médias.
Ahmed Nafii dénonce les intimidations qui empêchent l'expression médiatique dans le Sahara occidental sous occupation marocaine. |
Parmi les prisonniers politiques détenus dans des prisons marocaines, vingt-et-un sont des journalistes ou correspondants de la presse sahraouie.
Avez-vous eu des visites de journalistes étrangers ?
Si un journaliste étranger veut visiter officiellement les territoires occupés, il ne pourra s’intéresser qu’aux sujets autorisés par le Maroc et sera surveillé en permanence.
Certains sont venus en se prétendant simples touristes mais ils ont parfois été identifiés et expulsés du territoire.
Depuis deux ans, il est devenu difficile aussi de se rendre dans les territoires libérés à l’est du mur. Les bombardements marocains par drones rendent la zone très dangereuse. De nombreux civils ont été tués.
C’est donc une véritable guerre de l’information…
En effet. Une bonne partie de la presse marocaine est au service de son gouvernement et nous avons dénombré plus de 1 200 activistes qui propagent les points de vue marocains sur les réseaux sociaux. L’objectif est de toucher le moral et la combativité des Sahraouis.
Face à cela, nous avons, depuis 1976, une radio, une télévision, et à présent une agence de presse en ligne avec des délégations dans chaque wilaya. Mais il est difficile de former correctement et de fidéliser nos journalistes alors qu’il nous faudrait une véritable armée médiatique capable de produire des contenus dans plusieurs langues. Dont le français.
Quels sont vos autres projets ?
Une de nos missions est de promouvoir et défendre la culture sahraouie et le dialecte hassanya. C’est une culture orale qui se perd avec la disparition de nos anciens et de nos modes de vie. C’est pourquoi nous avons créé une maison d’édition qui a déjà publié quinze livres sur le Sahara occidental. Et nous sommes fiers de produire nos premiers livres enregistrés selon les normes internationales (avec un numéro ISBN).
Recueilli par Sahara Infos.
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