Claude Mangin-Asfari veut marcher de Paris à Kénitra pour libérer Naâma

Claude Mangin-Asfari devant une photo de Naâma lors de la célébration des noces de porcelaine à Ivry-sur-Seine en octobre 2023. (Th. Nectoux)


Lors de l’assemblée générale de l’association française des amis de la République arabe sahraouie démocratique (Aarasd), samedi 20 janvier à Ivry-sur-Seine, l’épouse du prisonnier politique Naâma Asfari a présenté son projet pour obtenir la libération de son mari et des autres Sahraouis détenus dans des prisons marocaines.

Les détails de l’itinéraire et de l’organisation restent à affiner mais la présidente du comité Aarasd 94 est bien déterminée à quitter sa ville d’Ivry (Val-de-Marne) le 1er avril, à pied, pour se diriger vers la prison de Kenitra, au Maroc, où est détenu son mari. L’arrivée sur le territoire marocain, par Tanger, est prévue tout début juillet.

Depuis près de treize ans, Claude Mangin-Asfari se bat au sein de l’Association des amis de la République arabe sahraouie démocratique (Aarasd), et avec d’autres ONG comme l’Acat (Chrétiens contre la torture), pour obtenir la libération des prisonniers politiques sahraouis au Maroc. Et en particulier des dix-neuf du groupe de Gdeim Izik, dont son mari, arrêtés lors d’une manifestation pacifique près de Laâyoune en novembre 2010.

Faire libérer les prisonniers politiques

Condamnés pour certains à perpétuité lors de procès dénoncés par les ONG spécialistes des droits de l’homme, ils sont dispersés dans plusieurs prisons marocaines, tenus éloignés les uns des autres et de leurs familles dont le droit de visite est souvent bafoué. « C’est mon cas : je n’ai pu voir Naâma qu’une seule fois en huit ans », affirme Claude Mangin, interdite de séjour sur le territoire marocain car elle représenterait un « danger pour la sécurité intérieure et extérieure de l’État ».

C’est pourquoi, après trente jours de grève de la faim en avril et mai 2018, la sexagénaire tente un nouveau moyen d’action. À l’instar de Gandhi et de sa marche du sel pour l’indépendance de l’Inde en 1930, elle partira avec une poignée de sympathisants, à pied, sur les chemins français puis espagnols. « D’autres se joindront à nous en cours de route », espère-t-elle, sans trop savoir encore quel pourra être l’impact d’une telle marche.

Claude Mangin se prépare à marcher de Paris à Kenitra (Maroc) entre avril et juillet 2024. (Sahara Infos)

« Il y a trois objectifs, explique Régine Villemont, la présidente nationale de l’Aarasd qui soutient le projet : Faire connaître, pas à pas, la cause du peuple sahraoui, obtenir la libération de prisonniers politiques et permettre à Claude de retrouver son droit de visite. »

Projet de film documentaire

« La nomination, le 10 janvier, d’un marocain à la présidence du conseil des droits de l’homme de l’ONU devrait nous y aider », ajoute, grinçante, la militante qui, comme la représentation en France du Front Polisario, n’y croit absolument pas. « Cette élection du Maroc, un pays qui n’a même pas ratifié la Charte des droits de l’homme et des peuples de l’Union africaine, est une offense à l’Afrique, avait estimé, un peu plus tôt, Sid Ahmed Daha Mahfoud. Elle est la preuve du dysfonctionnement des institutions et de la complicité de la communauté internationale. »

Sans attendre d’improbables avancées diplomatiques, Claude Mangin va donc marcher « près de 3 000 kilomètres en trois mois » en passant par les villes d’Orléans, Tours, Bressuire, Angoulême, Bordeaux, Uzeste, Toulouse, Perpignan (arrivée prévue le 21 mai) puis le long de la côte méditerranéenne ibérique jusqu’à Algésiras.

Des étapes de moins de 20 kilomètres, prolongées par « des événements festifs et culturels, des rencontres avec des journalistes, des élus et des militants politiques et associatifs… » Un projet de film documentaire est même dans les tuyaux. Pour se joindre à cette marche, pour une étape ou plusieurs, des informations seront mises en ligne sur le site de l’Aarasd.

Sahara Infos.


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