REPORTAGE. Malgré l’exil, les jeunes handicapés ne sont pas oubliés

Le Centre d'éducation spécialisée d'Aousserd accueille 97 jeunes déficients mentaux. (Sahara Infos) 

Au centre d’éducation spécialisée du campement sahraoui d’Aousserd, près d’une centaine d’enfants, adolescents et jeunes adultes déficients mentaux sont accompagnés vers l’insertion familiale et sociale.

Quelques salles d’activité et ateliers autour d’une cour de sable inondée de soleil… Le centre d’éducation spécialisée d’Aousserd – un des campements de réfugiés du Sahara occidental proches de la ville de Tindouf en Algérie – est bien modeste. Il n’en paraît pas moins accueillant et sécurisant.

« Nous avons commencé en 1994 avec sept enfants et quatre éducateurs, se souvient la directrice Djamila Brahim. À présent, nous comptons quatre-vingt-dix-sept jeunes handicapés de 4 à 21 ans encadrés par quinze personnes. »

La directrice Djamila Brahim, à gauche, dans la salle d'activité des enfants autistes. (Sahara Infos)

En ce lendemain de fête nationale sahraouie (27 février), beaucoup ne sont pas là : ils sont allés encourager les coureurs du Sahara Marathon dont le tracé traverse leur campement. « Notre objectif est qu’ils soient le plus possible intégrés dans la société », explique encore la directrice.

Quatre niveaux de handicap

« Un but que beaucoup de familles, au début, pensaient inatteignable. Il a fallu un grand travail de sensibilisation pour les convaincre de nous confier leurs enfants. Notre plus grande fierté aujourd’hui, c’est lorsque deux d’entre eux ont grandi, se sont mariés et ont pu avoir à leur tour des enfants… »

Dans l’atelier de menuiserie, qui jouxte le bureau de la directrice, l’éducateur est lui-même handicapé. Sourd et muet, il est un acteur à part entière « de la formation et de l’éducation à l’autonomie » des jeunes déficients mentaux à qui il transmet les rudiments de ce savoir-faire si utile dans les campements.

L'atelier de couture du Centre d'éducation spécialisée d'Aousserd. (Sahara Infos)

Un peu plus loin des jeunes filles s’exercent à la couture. « Ce sont nos deux principaux ateliers pratiques », indique la directrice qui explique par ailleurs que les jeunes sont répartis en quatre groupes en fonction de l’évaluation de leurs troubles (légers, moyens, profonds ou autistiques).

Besoin de financements

« Beaucoup de ces handicaps sont liés à des grossesses ou à des accouchements difficiles, explique Colette Blais, une infirmière française qui suit la santé des femmes dans les campements depuis près de trente ans. Malnutrition, anémie, manque d’accompagnement médical s’ajoutent aux traumatismes liés à l’exil et à l’état de guerre. »

Le moniteur de menuiserie, au premier plan, dans la cour du Centre d'éducation spécialisée d'Aousserd. (Sahara Infos)

Malgré tout, la prise en charge progresse et s’organise « dans une continuité entre le centre et la famille ». Accueillis cinq jours par semaine, les jeunes passent le week-end parmi leurs proches « sans cesser de travailler ».

Pour aider les familles à les occuper et à participer pleinement au développement de leur autonomie, des valises pédagogiques accompagnent les enfants. « Leur constitution et leur renouvellement un investissement important pour nous », plaide Djamila Brahim, toujours à la recherche de financements pour poursuivre son action.

En attendant, un jour, de pouvoir quitter ces campements en plein désert pour reprendre une vie normale, et plus saine, sur le territoire ancestral du Sahara occidental.

Sahara Infos.


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